[ Juillet 2024 ]

Avec le changement climatique, c’est un spectacle amené à se reproduire de plus en plus fréquemment : des rues inondées, jonchées de matériaux divers, arrachés aux bâtiments alentours, une végétation désolée, et des habitants désemparés.
L’ouragan monstre
L’ouragan, passé de dépression tropicale à ouragan le 30 juin, accumule les records : le plus puissant jamais observé en juin, la catégorie 5 la plus précoce jamais observée, un passage de dépression tropicale à ouragan majeur en seulement 42h (inimaginable en juin, selon le Dr Serge Zaka, docteur en agroclimatologie)…
Les dégâts qu’il a occasionné sont dantesques, particulièrement au sud des Caraïbes : « En une demi-heure, Carriacou a été rasée », a déclaré Dickon Mitchell, Premier ministre grenadien, lundi 1er juillet. En effet, 90% des bâtiments ont été détruits ou sévèrement endommagés sur l’île, tout comme sur sa voisine Petite Martinique. Quant à la Jamaïque, elle a vu 60% de ses foyers privés d’électricité au lendemain de son passage. En date du 5 juillet, l’ouragan a déjà fait à minima une dizaine de morts.
Béryl n’est pas prêt de s’arrêter puisqu’après avoir été rétrogadé en catégorie 2 il se renforce à nouveau pour atteindre la catégorie 3 à l’approche des côtes du Mexique, qu’il devrait toucher à deux reprises d’abord au Yucatan puis au Nord-Ouest.
La Martinique, relativement épargnée, a néanmoins connu de nombreuses dégradations dûs à une mer déchaînée : inondations, rues envahies de sargasses et de vase, bâtiments endommagés, bateaux échoués… Tant et si bien que le président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique, Serge Letchimy, a sollicité la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle.
2024, une saison cyclonique intense
Le National Hurricane Center de Miami, chargé de l’observation de l’activité cyclonique, notamment dans l’Atlantique, prévoit une saison 2024 particulièrement perturbée, avec près de deux fois plus de phénomènes suffisamment importants pour être nommés par rapport à la moyenne (23 estimés en 2024 pour 14 en moyenne) ; de même pour les ouragans (12 pour 2024 contre 7 en moyenne). Parmi les ouragans prévus, les 2/3 devraient être de forte intensité : soit dépasser le niveau 3 (sur 5), de l’échelle de mesure Saffir-Simpson.
Ce phénomène s’explique par la conjonction de deux facteurs, tous deux liés au changement climatique : après plusieurs années en phénomène El Niño, 2024 passe en phénomène La Niña, » qui provoque des situations météorologiques plus favorables à l’apparition de cyclones dans cette partie du globe » (La chaîne météo). Mais surtout, les eaux de l’Atlantique sont anormalement chaudes pour la saison. Cela fait en effet plus d’un an que la température de l’océan est hors norme, battant régulièrement des records. » Or « , écrit Gilles Matricon, météorologue, pour la chaîne météo » la température de l’eau joue un rôle crucial dans le développement des ouragans. (…) Plus l’eau est chaude et sur une grande profondeur, plus l’ouragan a de carburant pour l’alimenter. «
Des solutions constructives pour augmenter notre résilience
Pour mieux protéger nos bâtis, des solutions ont commencé à être relevées en 2017, après le passage du cyclone IRMA aux Antilles. L’État et la Collectivité de Saint-Martin ont alors publié un guide de bonnes pratiques pour la construction et la réhabilitation de l’habitat en zone cyclonique. Vous pourrez les retrouver, comme bien des ressources pour les bâtiments durables en Outre-Mer, sur la plateforme collaborative Pergola :

Des martiniquais se mobilisent d’ores-et-déjà sur la question, comme Auguste Mascate, président de la SAS CÂBLE-TOIT, dont la Maison individuelle anticyclones de Saint-Pierre est candidate aux Trophées Bâtiments Résilients 2024 !
Les résultats de cette édition seront annoncés en octobre prochain.